Des “savants” du Tiers –monde “gâtent” le nom de Chantal
Dans l’entourage malsain de Paul Biya, son épouse était le seul visage jusque-là presque sympathique. Pour
quelques millions, des imposteurs,
sous le couvert d’un colloque scientifique bidon, viennent d’écorner
cette image.Dans l’entourage malsain de Paul Biya, son épouse était le seul visage jusque-là presque sympathique. Pour
Le colloque tant attendu sur les actions de la
première dame a finalement eu lieu la semaine dernière. En trois jours,
on a lu et entendu beaucoup de banalités qui prêteraient à sourire si
une fois de plus, les caisses de l’Etat n’avaient été délestées de plus
de 60 millions pour payer la « salive » dépensée par quelques aigrefins.
Qui a eu cette idée folle ?
Sans être dans les secrets des dieux, il nous paraît peu probable que
cette idée de « faux colloque » soit sortie du cerveau de Chantal Biya,
si l’on ne s’en tient qu’à son itinéraire initiatique ou encore à
l’image qu’elle donne depuis qu’elle est devenue l’épouse de Barthélémy
bi Mvondo.
On peut dire tout ce que l’on veut sur Chantal Biya ;
ergoter sur sa coiffure improbable, disserter sur son pouvoir
d’influence auprès de son époux, sur ses colères et caprices… Mais
personne ne fera croire à la majorité des Camerounais que cette dame
n’est pas sympathique ou qu’elle n’aime pas les « gens », contrairement à
son époux qui se déplace avec son éternelle morne hautaine. Il n’y a
qu’à la voir bousculant le protocole afin d’embrasser ceux qui
l’acclament ou les enfants qu’elles trouvent sur son passage.
Lorsqu’elle se met à danser ou à chanter en public, on a du mal à croire
qu’elle joue un rôle tant tout cela paraît naturel. Difficile de
tricher à ces moments là.
Il n’en demeure pas moins vrai qu’elle
est l’épouse d’un homme qui conduit notre pays vers un trou sans fond et
que, l’histoire nous dira s’il faut lui reprocher de n’avoir pas pu
infléchir la politique suicidaire de ce dernier. Dans ces conditions,
organiser un colloque pour vanter les mérites de son action sociale
alors qu’on en profite pour vider les caisses de l’Etat de l’argent que
les Camerounais auraient besoin pour se soigner, se nourrir, éduquer
leurs enfants, est particulièrement irresponsable et surtout inutilement
provocateur.
Personne n’arrivera à nous faire croire que c’est
Chantal Biya qui, maîtrisant les concepts de séminaire, de colloque
voire de conférence, a impulsé l’action de nos universitaires, en quête
d’argent. Un ou plusieurs « gros malins » tapis dans le système ont
certainement utilisé cette pauvre dame dans le seul but de se remplir
les poches, ternissant ainsi au passage l’image de cette dernière, de
manière particulièrement éhontée.
Même l’hécatombe d’Eséka n’a
ému personne. Alors que les victimes manquent de tout, on a quand même
fait de la publicité pour une séance de « bavardage » ayant coûté 65
millions de Fcfa aux caisses de l’Etat en trois jours : c’est indécent
et surtout criminel quand on sait que toutes les victimes du drame
précité n’ont pas encore été identifiées.
L’action de la première dame proprement dite
A cause de cet épisode, les Camerounais vont, de plus en plus, chercher
à voir clair sur cette action qu’on magnifie tant. D’où vient tout cet
argent utilisé pour faire marcher la très coûteuse fondation Chantal
Biya ? Pourquoi les comptes ne sont pas publiés comme cela est d’usage
dans ce type d’organisation ? Qui sont les principaux donateurs ? Est-il
vrai que des victimes de l’opération « Epervier » se sont plaints
d’avoir été obligés de financer les opérations de cette fondation en
violation de toutes les règles en matière de gestion des finances
publiques ? Dans la réalité, une fondation est par nature basée sur le
bénévolat ; mais qu’est ce qui peut justifier le train de vie princier
des principaux responsables dont Stéphane Biatcha est la « vitrine »
principale ?
Chaque citoyen peut légitimement s’interroger sur la
réelle efficacité de cette action sociale quand on voit que malgré
tout, dans ce pays, une jeune fille (Vanessa Tchatchou) peut se faire
voler impunément un bébé qu’on retrouve, semble-t-il, chez un cadre du
régime ; qu’un médecin peut décéder sans explications à 8 mois et demi
de grossesse dans un hôpital de « référence », que des accidentés à
Eséka peuvent souffrir le martyre sans que la puissance de l’action de
la première dame ne se fasse sentir ? A quelle demande cette fondation
doit-elle faire face ? Quel est le taux de satisfaction ?
On ne
saurait « scientifiquement » juger de l’efficacité d’une telle action
sans des chiffres précis et incontestables. L’accumulation de
qualificatifs dithyrambiques ne peut masquer la vacuité du raisonnement
des « intellectuels » qu’on a vu à l’œuvre à l’Université de Soa.
C’est sur le plan moral que notre réserve est la plus forte. Comment ne
pas s’étonner de la non référence aux actions de l’ex- première dame
Jeanne Irène Biya, dont il semble bien que la fondation Chantal Biya ait
« capté » l’héritage, non sans pudeur ? Pourquoi avoir fait disparaître
ainsi le « Pavillon Jeanne Irène Biya », alors que sa fondatrice a été
au cœur de l’ascension du président Paul Biya. « Socialement », une
telle façon de faire paraît intolérable. Une dame ayant un comportement
dominé par la « fibre sociale » aurait milité pour que ce qui est à
Irène reste à Irène, et à Chantal ce qui est à Chantal. En effaçant ou
en laissant effacer le nom de Jeanne Irène Biya, avec qui elle n’a
jamais été en concurrence, Chantal Biya et son entourage ont commis une
faute morale grave.
Voilà des questions, et bien d’autres, qu’à
la fin d’un tel colloque, les Camerounais auraient dû avoir des réponses
précises. Au lieu de quoi on a assisté, du moins selon les divers
comptes rendus, à une séance où des enseignants d’université
rivalisaient d’âneries pour savoir qui trouverait la meilleure formule
afin d’encenser l’épouse du chef de l’Etat, chef du gouvernement, époux
de sa « charmante épouse ».
Mais à voir leur mine sur la photo de
famille et surtout la faiblesse de leurs arguments face aux attaques
qui fusent de toute part, on peut parier qu’ils ne sont pas prêts à
recommencer : à moins que cette fois-là, le pouvoir double la mise
financièrement. Après tout, quand on se comporte comme dans un « bordel
», seul le tarif proposé peut faire hésiter la « prostituée ».
Benjamin Zebaze
"Ouest Littoral"
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