De Dschang à Soa, quelque chose ne va plus dans la tête des diplômés
Camerounais qu’on qualifie un peu trop vite d’intellectuels.
Depuis l’annonce de ce colloque destiné à magnifier l’action de Chantal
Biya, un divorce se fait devant nos yeux entre certains enseignants de
nos universités et le citoyen moyen. Tout cela part d’un malentendu qui
divise la société camerounaise. Pour certains, le titulaire d’un diplôme
est un « intellectuel » ; il possède une science infuse lui permettant
de pouvoir dire ce qu’il faut faire ou pas, selon les circonstances.
On voit des choses étranges ces derniers temps dans nos établissements
de l’enseignement supérieur, et la décision du recteur de l’université
de Dschang d’organiser des festivités autour de l’anniversaire de
l’accession de Paul Biya est l’une des plus extraordinaires. Nous y
reviendrons dans une autre édition.
Un diplômé n’est pas un intellectuel et vice-versa.
Un diplômé n’est pas un intellectuel et vice-versa.
En consultant le premier dictionnaire venu, on se rend compte que bien
que proches, les mots « diplômé » et « intellectuel » ne signifient pas
la même chose. En simplifiant à l’extrême, « intellectuel » renvoie à «
l’intelligence » : un individu dont la profession « exige une activité
créatrice de l’esprit » peut par conséquent être considéré comme un «
intellectuel ».
Dans le cas des organisateurs de ce colloque,
difficile de voir dans leur attitude le moindre signe d’intelligence. En
acceptant d’apporter leur caution à une telle mascarade, ils ont fait
cas de si peu d’intelligence qu’on en arrive à douter très sérieusement
de la qualité de leurs diplômes. Comment n’ont-ils pas compris que
l’état de paupérisation dans lequel se trouve la société camerounaise
s’accommode peu de ce type d’escroquerie et qu’ils ne pourraient
échapper à la colère de l’opinion publique ? Que tout ce qui tourne
autour de la présidence de la République est tellement dominé par la
corruption que qui s’y frotte, s’y pique ?
C’est tellement naïf qu’on a du mal à croire qu’un tel comportement soit celui de ceux qui bombent le torse à toutes les occasions, le diplôme pratiquement collé sur un crâne en général dégarni.
C’est tellement naïf qu’on a du mal à croire qu’un tel comportement soit celui de ceux qui bombent le torse à toutes les occasions, le diplôme pratiquement collé sur un crâne en général dégarni.
Oui aux colloques ! Non aux colloques-publicités !
Que les choses soient cependant claires. Il n’est pas question pour
nous de militer pour une action en faveur de la non-participation des
universitaires à divers colloques. Mais dans un conteste de crise avec
pour principal responsable Paul Biya et son clan, il n’était pas
possible d’analyser l’action de la première dame avec objectivité dans
le cadre d’un colloque, dont les tenants et les aboutissants étaient
maîtrisés par le pouvoir. Plus grave, les conclusions étaient connues
d’avance.
Notre pays a besoin de débats, de colloques, de
conférences…tournés vers un seul objectif : trouver les moyens
nécessaires à l’amélioration du cadre de vie des Camerounais. Mais
vouloir sortir de la boue un membre du clan Biya, fut-il sympathique, ne
peut qu’entraîner le courroux des populations exsangues par 34 années
de « Renouveau ».
Ce qui est incompréhensible pour finir, c’est
que ces enseignants n’acceptent pas la moindre critique sur leur
forfaiture et répondent par l’insulte, parfois grossière. Pourtant, un
enseignant devrait être un éclaireur, un homme sur qui on se repose pour
asseoir ses certitudes.
De notre temps, un enseignement étaient
celui qui « disait ce qu’il faut faire ». Il était une boussole, un
phare qui permettait de suivre le bon chemin. Personne n’aurait pu
imaginer que des enseignants transformeraient en vulgaires marchandises
leurs savoirs, au point de disputer la vedette aux griots établis.
Charles Ndongo devrait leur porter plainte pour concurrence déloyale.
Benjamin Zebaze
"Ouest Littoral"

