Le candidat d’une coalition de formations politiques de
l’opposition envisage de mettre sur pied
une politique qui favoriserait
la copropriété des terres entre les populations et l’Etat.
S’il est élu au terme de l’élection présidentielle qui devrait se
tenir en octobre 2018, l’avocat Akere Muna compte s’attaquer au problème
de l’expropriation au Cameroun. Promesse en a été faite mardi, à
Yaoundé, au cours d’un échange avec des femmes et jeunes filles
sélectionnées parmi les différentes couches sociales du pays.
L’air décontracté, comme le montre la chemise fleurie arborée pour la
circonstance, Akere Muna a répondu aux questions qui lui étaient
posées. Lesquelles avaient toutes trait à quelques injustices sociales
vécues au quotidien, notamment les défaillances de la gestion des
procédures d’expropriation au Cameroun.
Pour Akere Muna, ce problème découle de la « mauvaise gouvernance »
et de la « corruption » dans le pays. Il pense qu’il faut regarder ce
phénomène et accorder la priorité à la protection des plus démunis.
« En cas d’expropriation, on établit d’abord qui peut exproprier,
quelle est la procédure et comment on procède pour indemniser? Le
problème est que dans un système qui a un problème de gouvernance et de
corruption, on peut vouloir 10 hectares et on en prend 15 pour, par la
suite, rétrocéder les cinq autres qui peuvent être achetés par d’autres
personnes. Je peux convoiter votre terrain, le mettre dans une histoire
d’expropriation et par la suite m’en accaparer. Il y a beaucoup
d’histoires de ce genre à Kribi. Le tracé des routes, par exemple,
répond à une impérative technique. Mais il est vrai que des gens,
peuvent dévier la route pour qu’elle passe par leur terrain et qu’ils
puissent toucher l’argent des indemnisations. On a vu ça lors du tracé
du pipeline [Tchad-Cameroun, Ndlr]. On a vu des propriétés qui ont
acquis des ententes d’expropriation. Donc notre problème actuel, c’est
la corruption», a soutenu Me Akere Muna.
-Le problème est bien connu d’Akere Muna-
« Il y a quelques années, alors que je vivais encore dans la maison
de mon défunt frère Daniel, les autorités ont lancé un projet de
construction de la route. On a pris quelques mètres du terrain qui était
au nom de mon frère. Et lorsqu’il a fallu indemniser, c’est mon nom à
moi qui est sorti sur les listes et le montant qui m’était dû, ma foi,
m’avait semblé exorbitant. J’ai toujours pensé que la personne qui était
chargée des indemnisations avait dû se dire qu’il fallait qu’il fasse
ainsi pour ne pas avoir de problèmes avec moi », a raconté Akere Muna
devant son public féminin, avant d’insister sur la nécessité d’un
changement.
-Construction des infrastructures et protection des autochtones-
Au Cameroun, les expropriations sont pratiquées pour des besoins
d’exploitation des ressources minières, de construction des
infrastructures… Les indemnités sont données en fonction de la taille de
l’investissement trouvé sur la surface prise. Des griefs sont cependant
nés des montants jugés trop souvent inférieurs.
De nombreuses villes camerounaises ont fortement subies l’impact
du phénomène des expropriations. C’est le cas, entre autres, de Douala,
Yaoundé, Bamenda, Bafoussam, où des cantons ont souvent été expropriés
sous la montée de l’urbanisation.
La solution proposée par Akere Muna : «Il faudrait qu’on s’attaque à
ce problème des autochtones qui subissent une pression qui est le fait
du statut de leur ville. Comment ils enterrent leurs morts ? Quelle
superficie de leurs terres reste encore aujourd’hui et comment les
protéger ? Il faut une politique qui favorise véritablement la
protection des terres des peuples. Moi, si je trouve que dans tel canton
il y a encore des terres, je vais fournir des financements pour que les
populations les exploitent et, comme ça, une partie des revenus sera
utilisée pour rembourser ces financements et l’autre pour des projets de
développement. A la longue, elles deviennent des propriétaires, on
développe plus la notion de copropriété, ce qui permet que ces cantons
aient des moyens de subsistance et qu’ils soient protégés. Aujourd’hui,
on attise plutôt les conflits dans les familles. Résultat, les familles
sont divisées et c’est la communauté qui s’en trouve fragilisée »,
souligne Akere Muna.
Mardi, Akere Muna a également discuté de questions relatives à
l’éducation et à l’entrepreneuriat des femmes camerounaises, entre
autres. Le candidat porté par la coalition de quatre partis politiques –
l’Alliance des forces progressistes (AFP), le Front populaire pour le
développement (FPD), le Parti national des patriotes camerounais (PNPC)
et le Parti socialiste démocratique uni (PSDU) – prépare une tournée
dans la région du Sud-Ouest. Elle devrait avoir lieu dans les prochains
jours.
Source: Journal du Cameroun