Le rapport du département d'État des États-Unis
consacré au climat de l'investissement dans le monde
passe cette année
en revue les économies de la RDC, de la Guinée, de l'Algérie et du
Maroc. Retour sur ces analyses sans fard des difficultés rencontrées par
les entreprises américaines.
Comme chaque année, le département d’État des États-Unis a
rendu public un rapport consacré au climat de l’investissement dans le
monde. L’objectif est de fournir des informations sur plus de 170
pays. « Les entreprises américaines de toutes tailles peuvent s’inspirer
de ces rapports pour identifier les marchés sur lesquels faire des affaires » note la branche de l’exécutif fédéral en charge des relations internationales.
Tous les pays les pays n’étant pas passés en revue chaque année, le
chapitre de l’édition 2018 consacré à l’Afrique inclut notamment la RDC,
la Guinée, l’Algérie et le Maroc.
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RDC : un environnement « très difficile »
« La RDC reste un environnement très difficile pour faire des
affaires » note le rapport dans l’introduction du chapitre consacré au
pays. L’incertitude engendrée par le report des élections – désormais
prévues pour décembre 2018 – continue à décourager les investissements
directs à l’étranger.
Malgré les réformes de ces dernières années,
qui octroient des allègements ou des exemptions d’impôts aux
investisseurs, « le climat des affaires s’est détérioré en 2017 »,
souligne le département d’État américain. En particulier, « beaucoup
d’investisseurs se plaignent d’une pression fiscale élevée et d’un
système de taxation trop complexe, redondant et opaque ». Certaines
agences gouvernementales « exercent des pressions administratives
importantes sur les entreprises avec des audits et des inspections qui
conduisent souvent à l’imposition d’amendes sur des bases discutables ».
« Dans l’ensemble, les entreprises doivent faire face à de nombreuses
difficultés en RDC, notamment la fragilité des infrastructures
existantes, une corruption endémique à tous les niveaux, des agences
fiscales prédatrices, un accès limité au capital, un manque de
travailleurs qualifiés, des difficultés à exécuter les contrats,
l’incertitude politique, un système judiciaire très faible, des conflits
armés qui se poursuivent à l’Est et l’émergence de violences
sporadiques dans d’autres régions du pays » concluent les auteurs du
rapport.
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Guinée : améliorations limitées, malgré la volonté politique
Après la fin de l’épidémie d’Ebola et la réélection d’Alpha Condé, « le gouvernement guinéen a adopté une attitude très favorable vis-à-vis des investissements directs à l’étranger (IDE) »
: adoption d’une loi anticorruption, « qui doit encore encore être
testée devant les tribunaux », mise à jour du code d’investissement…
En effet, devant faire face à un important déficit budgétaire et à la
baisse du prix des matières premières, les autorités « espèrent que les
IDE vont diversifier l’économie, renforcer la croissance du PIB et
fournir des emplois durables ».
Mais le département d’État américain se montre critique vis-à-vis de
l’environnement des affaires guinéens. Premièrement, « bien que les lois
guinéennes soient en faveur de la libre-entreprise et la concurrence,
le gouvernement manque souvent de transparence dans l’application de la
loi », ce qui laisse de l’espace pour la corruption estime-t-il. Les
auteurs pointent aussi les importants arriérés de paiement du secteur
public. « Il n’y a pas actuellement de mécanisme indépendant permettant
le recouvrement des créances sur l’État guinéen », note le document, qui
doute en outre de « la capacité de la Guinée à appliquer ses lois plus
favorables aux investisseurs », compromise par « un système judiciaire
faible et peu fiable ».
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Algérie : opportunités et blocages bureaucratiques
« De multiples secteurs offrent des opportunités importantes de
croissance à long terme pour les entreprises américaines, certaines
d’entre-elles rapportant une rentabilité à deux chiffres » indique le
rapport. « Cependant, certains défis restent à relever ».
Parmi les défis auxquels doivent faire face les entreprises américaines, des difficultés douanières, une bureaucratie figée, des transferts monétaires limités, des restrictions de conversions, et une concurrence sur les prix des rivaux internationaux, en particulier la Chine, la Turquie et la France, liste le rapport.
Les entreprises internationales qui opèrent en Algérie se plaignent
également de l’application changeante et irrégulière des les lois et
réglementations, ce qui accroître la perception du risque commercial par
les investisseurs, souligne le rapport. Selon l’administration
américaine, les contrats commerciaux sont également être soumis à des
révisions ou des interprétations variables.
Les autres dispositifs critiqués par le département d’État incluent
la règle des 51/49, qui oblige à une majorité algérienne pour tous les
partenariats étrangers, et des mesures de contrôle des changes
particulièrement strictes. Enfin, la politique de substitution aux
importations, qui a sévèrement limité le commerce extérieur, est
également mise en cause.
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Maroc : le bon élève du continent
« Le gouvernement marocain a mis en place une série de mesures destinées à développer l’emploi, attirer des investissements étrangers
et accroître les volumes produits et la performance économique des
secteurs générant des revenus, tels que l’automobile ou
l’aéronautique », souligne le département d’État.
Dans ce cadre, le Maroc a ratifié 68 traités bilatéraux
d’investissement, afin de promouvoir ou de protéger l’investissement, et
60 accords économiques, destinés à éliminer la double taxation des
revenus des plus-values, notamment avec les États-Unis et la plupart des
économies européennes. « Sa charte d’investissement a mis en place la
convertibilité du dirham pour les investisseurs étrangers, et donne la
liberté de transférer les bénéfices ». Enfin, l’accord de libre-échange avec les États-Unis
est entré en force en 2006, immédiatement éliminant les tarifs pour
plus de 95 % des biens industriels et de consommation qualifiés »
souligne l’administration américaine.
Cependant, « malgré une amélioration significative de l’environnement
des affaires, le manque de travailleurs qualifiés, la faible protection
des droits de propriétés intellectuelles, la bureaucratie inefficace et
le lent rythme de la réforme de la réglementation reste des difficultés
pour le Maroc ».
Source: Jeune Afrique