
Wall Street chute, assommée par le plongeon de 10% d'Apple, qui porte ainsi à 40% ses pertes depuis début octobre. Les autres GAFA ont perdu du terrain, dans le sillage de la marque à la pomme.
Wall
Street est à la peine. Les marchés actions américains ont chuté
lourdement jeudi, affaiblis par la pire séance d'Apple depuis six ans
sur fond de ralentissement économique en Chine et plombés par un
indicateur manufacturier décevant pour les Etats-Unis, aux yeux des
analystes. Selon les résultats définitifs à la clôture, le Dow Jones
Industrial Average a cédé 2,83%, à 22.686,22 points. Le Nasdaq, à forte
coloration technologique, a perdu 3,04%, à 6.463,50 points. L'indice
élargi S&P 500 a abandonné 2,48%, à 2.447,89 points.
Apple a
reconnu mercredi que son chiffre d'affaires et ses ventes d'iPhone ont
été bien plus mauvais que prévu sur les trois derniers mois de 2018, le
premier trimestre de son exercice décalé. La marque à la pomme a
aussitôt été sanctionnée, perdant 9,96%, sa pire séance depuis janvier
2013. Le titre évolue désormais au plus bas depuis six mois après avoir
lâché près de 40% depuis début octobre. "En terme de calendrier, c'est
la dernière chose que les marchés avaient besoin d'entendre après les
différentes nouvelles angoissantes qui se sont succédé lors des deux
derniers mois" a affirmé Nate Thooft, de Manulife AM.
Après
avoir été la première entreprise privée américaine à avoir franchi la
barre des 1.000 milliards de dollars en valorisation boursière l'été
dernier, Apple a perdu le tiers de sa valeur depuis, dont quelque 75
milliards de dollars rien que jeudi. Elle vaut désormais moins que
Microsoft, Amazon et Alphabet, la maison mère de Google. Mais jeudi
l'ensemble du secteur tech a été fragilisé par l'annonce d'Apple,
Alphabet perdant 2,85%, Amazon 2,52% et Facebook 2,90%. Les fabricants
de composants électroniques comme Qualcomm (-2,96%) ou Nvidia (-6,04%)
ont aussi été touchés, tout comme Boeing (-3,99%) et Caterpillar
(-3,85%), sensibles à la santé de l'économie chinoise. Le sous-indice
regroupant les valeurs technologiques au sein du S&P 500 a perdu
5,07%. Les entreprises chinoises cotées à Wall Street ont également
souffert, Baidu lâchant 4,65%, JD.com 4,33% et Alibaba 4,46%.
"On
s'approche de la saison des résultats. Le fait qu'Apple, l'une des plus
grosses entreprises au monde, abaisse ses prévisions, signifie que les
autres vont également être contraints de les abaisser", a affirmé Adam
Sarhan, de 50 Park Investment. Très dépendante de ses ventes d'iPhone,
le géant de Cupertino (Californie) est désormais l'objet de nombreuses
interrogations sur sa stratégie, consistant notamment à vendre ses
téléphones phares toujours plus cher. Cette nouvelle a également fait
plonger les places boursières internationales, de l'Asie à l'Europe, les
investisseurs privilégiant les actifs réputés peu risqués tels que la
devise japonaise et l'or.
Le
marché obligataire américain, réputé fiable, était également recherché
par les courtiers. Le taux d'intérêt sur la dette à dix ans reculait à
2,550% vers 21H45 GMT, contre 2,620% mercredi à la clôture, et celui à
30 ans à 2,904%, contre 2,952%. Les cours de l'or, valeur refuge, sont
par ailleurs restés soutenus. Loin d'arranger les choses, l'activité
dans le secteur manufacturier américain a progressé moins que prévu en
décembre, décevant les attentes des analystes et accélérant la chute des
indices dès le début de séance. "Les deux informations alimentent
l'anxiété des investisseurs sur un essoufflement de la croissance
mondiale", a affirmé M. Thooft. Berkshire Hathaway, la holding du
milliardaire Warren Buffet, qui détient 252 millions d'actions Apple,
soit environ 5%, a cédé 5,49%.
Même
l'annonce d'une opération majeure de fusion-acquisition n'a pas
rasséréné les investisseurs: le groupe pharmaceutique Bristol-Myers
Squibb a perdu 13,26% après avoir annoncé le rachat de Celgene pour 74
milliards de dollars. La compagnie aérienne américaine Delta (-8,94%) a
quant à elle prévenu que son chiffre d'affaires serait un peu moins
élevé que prévu initialement au quatrième trimestre, entraînant
l'ensemble de ses homologues: American Airlines a abandonné 7,45% et
United Continental, maison mère de United Airlines, 4,97%.
Source: capital.fr