A Alger, la mobilisation se poursuit contre le prolongement du quatrième mandat d’Abdelaziz Bouteflika. Et cela, quelques jours après le retrait de sa candidature pour une cinquième présidence. Le chef de l'Etat algérien a également annoncé le report sine die de l'élection présidentielle initialement prévue le 18 avril. Ce jeudi 14 mars, c’est le nouveau Premier ministre qui a fait de nouvelles annonces. Noureddine Bedoui a déclaré que le gouvernement serait formé d’ici la semaine prochaine.
Noureddine Bedoui a expliqué que le gouvernement serait nommé d'ici
la semaine prohaine et composé de technocrates et qu’il sera
représentatif de la société, avec des jeunes et des femmes. Le Premier
ministre a affirmé que les autorités avaient entendu les revendications
de la jeunesse algérienne et que ces revendications seraient les lignes
directrices du nouveau gouvernement.
Il a répété que les portes étaient ouvertes à l’opposition, sans
répondre aux questions des journalistes qui demandaient comment la rue
allait pouvoir être représentée. « Nous assurons tous les
partenaires, et particulièrement les partenaires de l’opposition, des
possibilités de dialoguer, de parler et de s’entendre », a-t-il asusré.
Ce nouveau gouvernement sera chargé des affaires courantes, des institutions, et devra accompagner la conférence nationale. « Après
la formation du gouvernement, nous allons passer, en tant qu’Algériens,
à la mise en place des mécanismes nécessaires à cette conférence
nationale inclusive », a-t-il expliqué.
C’est cette conférence nationale qui sera, elle, chargée d’élaborer
des propositions de réforme. Sur la durée de cette transition,
Noureddine Bedoui affirme que cette période ne serait pas plus longue
qu’une année.
C’est la deuxième prise de parole officielle depuis l’annonce de l’annulation de l’élection présidentielle. En effet, mercredi, le vice-Premier ministre Ramtane Lamamra avait
annoncé que les institutions perdureraient pendant toute cette période
de transition et que le président Abdelaziz Bouteflika resterait
également à son poste.
Mobilisation dans la rue
Les réactions à ces nouvelles annonces ne devraient pas tarder.
Mercredi, des partis d’opposition se sont réunis dans la capitale et ils
ne se satisfont pas de cette situation. D’abord, ils ont déclaré que le
pouvoir ne pouvait pas continuer à travailler en dehors de tout cadre
constitutionnel. Mais surtout, ils estiment que les autorités ne sont
pas habilitées à diriger cette période de transition.
Du côté de la société civile, la mobilisation ne faiblit pas. Depuis
jeudi matin, il y a toujours des manifestations dans différentes villes
du pays, notamment des manifestations des avocats, des magistrats, mais
aussi aujourd’hui, des associations de personnes handicapées. Quant à la
grève générale, elle se poursuit dans les villes de Tizi Ouzou et
Bejaïa.
Autre exemple de cette mobilisation, les supporters de foot ont
boycotté le derby entre l'USMA et le Mouloudia. Le match prévu
aujourd’hui entre les deux clubs d’Alger est un match habituellement à
enjeu. Mais depuis deux jours, des messages laissaient entendre qu’il
pourrait y avoir des violences lors de ce match. Des représentations
diplomatiques ont même envoyé des messages d’alerte à leurs
ressortissants à propos de cette rencontre.
Alors, pour éviter les violences, les clubs de supporters ont appelé
au boycott du match, pour éviter que des problèmes ne puissent avoir un
impact négatif sur la mobilisation, parce que les supporters des clubs
de foot sont des membres actifs des manifestations. Ils ont aussi
déclaré qu’ils ne pouvaient pas aller faire la fête alors que le pays
était malade. Et cet appel a été entendu, puisque les tribunes du stade
du 5-juillet-1962 étaient vides ce soir.