En Algérie, des rassemblements d’étudiants, de magistrats ou encore de journalistes ont eu lieu dimanche 17 mars à travers le pays. Après quatre semaines de manifestations et de protestation, alors que l’opposition demande le départ du président Abdelaziz Bouteflika et que les autorités qui ont fait des propositions pour la transition semblent inaudibles, cette semaine sera encore décisive.
L’Algérie entame une nouvelle semaine aux enjeux décisifs. D’abord, les autorités n’ont toujours fait aucun commentaire
sur la manifestation du 15 mars. Or, la mobilisation a été un désaveu
pour les propositions du président de la République. Les centaines de
milliers de manifestants refusent la prolongation du quatrième mandat et
demandent le départ du système politique. La question est : y aura-t-il
d’autres annonces ?
Parallèlement, les consultations pour la nomination d’un gouvernement
d’ouverture se poursuivent et semblent connaître quelques difficultés.
Plusieurs syndicats ont indiqué avoir décliné les invitations du Premier
ministre Noureddine Bedoui. Ce dernier avait promis un gouvernement pour cette semaine.
L’invitation au dialogue ne passe pas non plus dans l’opinion
publique. L’initiative d’une association proche des autorités d’inviter
des membres de la société civile pour réfléchir à la transition, ce
samedi, est très critiquée.
Enfin, les manifestants se préparent à retourner dans la rue. Une
manifestation d’étudiants est prévue le 19 mars, date symbolique dans
l’histoire de l’indépendance de l’Algérie.
Manifestations en France
Les manifestations se poursuivent également à distance.
En France, des centaines de membres de la communauté algérienne se sont
rassemblés place de la République dimanche à Paris contre un cinquième
mandat d'Abdelaziz Bouteflika. Deux jours après les immenses
manifestations en Algérie.
Après, à nous, au peuple, à
ces jeunes de trouver des alternatives. Mais qu'il parte d'abord. C'est
fini. Qu'il parte. On en a marre.
La diaspora algérienne manifeste à Paris
A Marseille également, plusieurs centaines de personnes se sont
réunies dans le centre-ville. Si la foule était moins nombreuse que les
précédentes semaines, la fougue et la détermination des manifestants
restent intactes.
Les propos de Macron critiqués
Par ailleurs, une centaine de personnalités franco-algériennes ont
interpellé Emmanuel Macron. Dans une lettre ouverte publiée dans le Journal du dimanche,
des élus locaux, militants associatifs et membres de la société civile
regrettent les propos du président français après l'annonce du report de
la présidentielle du 18 avril en Algérie. Emmanuel Macron avait
notamment salué l'ouverture, par Abdelaziz Bouteflika, d'une « nouvelle page pour la démocratie algérienne ».
« Nous avons été un peu surpris par les propos du président Emmanuel Macron, explique Noël Boussaha, militant associatif franco-algérien, signataire de cette lettre. Nous
avons ressenti ses propos comme une sorte de soutien tacite au régime
algérien. En ce sens que beaucoup, en Algérie, ont estimé qu’il
s’agissait d’une sorte d’énième ingérence française à l’égard de son
ancienne colonie. Il faudrait que l’Elysée, via son service de
communication, fasse preuve d’une certaine retenue par rapport à ce qui
se passe en Algérie, parce que ça peut être très très mal perçu, non pas
spécifiquement de la part du pouvoir d’Alger qui n’attend que ça, mais
de la part de la population algérienne. »