Après avoir décroché un financement de 190 milliards Fcfa en 2016 pour la modernisation du réseau de transport de l’électricité sur la période 2017-2022, l’entreprise peine à implémenter ses premières actions.
Par décret daté du 08 octobre 2015, le président de la République, Paul Biya, crée la Société nationale de transport de l’électricité (Sonatrel).
Ses missions : assurer désormais l’exploitation, la maintenance et le
développement du réseau public de transport et de ses interconnexions
avec d’autres réseaux ; la gestion des flux d’énergie électrique
transitant par le réseau public de transport, en tenant compte des
échanges dans le système interconnecté national et international ; la
planification, la réalisation des études et la maîtrise d’ouvrage des
infrastructures et ouvrages de transport d’électricité ; la recherche et
la gestion des financements y relatifs, etc. A l’époque de sa création,
le Directeur général d’Electricity Development Corporation (EDC), l’entreprise de patrimoine chargée de la construction et la gestion des barrages hydroélectriques, Théodore Nsangou, faisait savoir que 30% de l’énergie produite est perdue dans le réseau de transport – contre 14% selon Eneo.
quatre ans après la mise sur pied de la Sonatrel, la situation n’a pas changé. Le retour en force des délestages depuis le début de la saison sèche tend même à révéler qu’elle s’est aggravée
Alors que le gouvernement n’a eu de cesse de claironner que les
modalités d’utilisation des réseaux de transport conditionnent le
fonctionnement efficace du marché de l’électricité et le bon
accomplissement des missions de service publics confiées à certains
opérateurs, près de quatre ans après la mise sur pied de la Sonatrel, la
situation n’a pas changé. Le retour en force des délestages depuis le
début de la saison sèche tend même à révéler qu’elle s’est aggravée,
après un étiage 2016-2018 relativement moins tumultueux du fait de la
régularisation du débit du fleuve Sanaga par les eaux lâchées depuis le
barrage de retenue de Lom Pangar à l’Est, laquelle régularisation a permis aux principaux barrages hydroélectriques que sont Song-Loulou et Edéa,
de continuer à produire de manière optimale. Or, depuis février 2016,
les organes dirigeants de la société sont complets. Son directeur
général, Mbemi Nyankga, s’est même vanté fin janvier dernier à Yaoundé, en affirmant que la société est définitivement constituée et entièrement opérationnelle. Et que le transfert des actifs d’Eneo à la Sonatrel,
y compris les ressources humaines, avait été effectué. Des sessions du
conseil d’administration de l’entreprise se sont multipliées ; pour le
compte de l’exercice 2018, un budget de 109 milliards Fcfa
avait même été validé par cette instance. Mais, sur le terrain, aucune
action n’est visible. L’entreprise a pris toutes ces années uniquement
pour s’installer. Cependant, Eneo fait des pieds et des mains pour
assurer le minimum d’équilibre sur le réseau de distribution.
Or, en octobre 2016, le Cameroun a décroché un financement d’un montant de 325 millions de dollars, soit environ 190 milliards Fcfa
auprès de la Banque mondiale pour la remise à niveau et la
modernisation de son réseau de transport d’électricité entre 2017 et
2022. A partir du 1er décembre de la même année, date de
validation de de financement par le conseil d’administration de
l’institution de Bretton Woods, le Cameroun avait 120
jours pour démarrer ce programme. Toujours dans le domaine du
transport de l’électricité, il devait se développer parallèlement les
projets des boucles de Yaoundé et Douala dont les études sont depuis
achevées. Deux lignes de transport doivent également être construites
entre Yaoundé et Abong-Mbang à l’Est, et entre Nkongsamba dans le
Littoral et Bafoussam à l’Ouest.
Par Ecomatin