Il y a deux ans, Emmanuel Macron était élu président de la République. Lors de sa première année à l’Elysée, le président français avait dit vouloir établir un partenariat avec l’Afrique en rompant avec la politique menée par ses prédécesseurs. RFI fait le bilan de la politique africaine d’Emmanuel Macron deux ans après son élection.
Un déplacement au Nigeria, un autre au Kenya et en Éthiopie,
Emmanuel Macron a poursuivi, lors de cette deuxième année, la voie
tracée à Ouagadougou en s’ouvrant à l’Afrique non francophone. À côté de
cela, le président français a fait un pas supplémentaire dans sa quête
de rapprochement avec le Rwanda, notamment en initiant et en soutenant
la candidature de Louise Mushikiwabo à la présidence de l’Organisation internationale de la francophonie.
Le chef de l’État a également lancé le processus de restitutions des œuvres d’art à
l’Afrique, vingt-six d'entre elles devraient bientôt rejoindre le
Bénin. Sur certains dossiers, l’Élysée a semblé vouloir solder le passé.
L’envoi au Burkina Faso de deux lots de documents déclassifiés par la
France dans l’enquête sur l’assassinat de Thomas Sankara participe ainsi
à cette démarche.
Quand Macron est arrivé,
l'espoir était encore plus grand, car il disait qu'il allait en finir
avec la Françafrique. Non seulement voilà que cela n'a pas évolué mais
l'intervention sur une colonne rebelle a tout remis en question.
Mahamat Nour Ibedou, secrétaire général de la Convention tchadienne pour la défense des droits de l'homme
Mais la mesure qui aura certainement été la plus
commentée, c’est la très forte augmentation des frais d’inscription à
l’université pour les étudiants non-européens. Une décision qui a
provoqué un tollé aussi bien en France que sur le continent africain.
L’intervention militaire française au Tchad
en février pour porter secours à Idriss Déby a, elle, furieusement
rappelé les pratiques passées et remis en cause le principe de
non-ingérence jusque-là édicté par Paris. Quant au quasi-silence
officiel de la France sur les violences et les intimidations commises
contre les opposants politiques en particulier au Cameroun et au Tchad,
il vient donner le sentiment que la défense de la démocratie et des
droits de l'homme n'apparaît pas comme une priorité pour Emmanuel
Macron.
Malheureusement, on a vu
très rapidement que les relations entre la France et l'Afrique sont
devenues des relations traditionnelles classiques. La France est
beaucoup plus dans la "Real Politik" et la question de la démocratie
vient en second plan.
Drissa Traoré, vice-président de la FIDH