Dans l'est de la RDC, le cap des 1 000 morts du virus Ebola a été franchi ce week-end. L’épidémie, déclarée en aout 2018, est maintenant la deuxième plus grave dans l'histoire du virus. Dans un contexte d’insécurité et de méfiance de la population à l'égard du personnel soignant, la fièvre hémorragique se propage à vive allure dans la province du Kivu et en Ituri, comme dans les localités voisines de Butembo et de Katwa, les épicentres de l'épidémie, où le travail des médecins a été une nouvelle fois interrompu ce week-end.
La société civile parle d'une véritable crise de confiance entre le
personnel soignant et la population. Dernier incident en date,
l'accrochage entre des conducteurs de taxis-motos et une équipe
d'enterrement sécurisé qui procédait vendredi 3 mai à l'inhumation d'une
patiente morte du virus à Katwa.
Deux motards ont perdu la vie
suite à l'altercation, entraînant des manifestations de conducteurs de
taxis-motos ce week-end. Résultat, les équipes de riposte contre le
virus n'ont pu travailler pendant près de deux jours.
Selon le
ministère de la Santé, elles auraient partiellement repris leurs
activités dimanche. Mais Eli Kwiravusa, vice-président de la société
civile de la ville, assurait lundi 6 mai que les soins étaient encore au
point mort.
Des soignants régulièrement pris pour cible
C'est
un nouveau coup dur pour le personnel soignant, régulièrement pris pour
cible par les groupes armés présents dans la zone. Fin février, les
équipes de Médecin sans frontière ont suspendu leurs activités suite à l'attaque de deux centres de soin.
Depuis,
la qualité de la riposte s'est dégradée assure-t-on à Butembo. A chaque
interruption d'intervention, il y a un risque accru de rebond de
l'épidémie explique le docteur Ibrahima Socé Fall, de l'OMS. Autour de
Butembo, il y a déjà eu plus de 600 morts, et le médecin enregistre
parfois jusqu'à quinze nouveaux cas par jour.