Écarter la menace d’un conflit direct entre la Russie et la Turquie, et
si possible parvenir à un cessez-
le-feu dans la province d’Idleb : tel
est le double enjeu de la rencontre jeudi 5 mars à Moscou entre Vladimir
Poutine et Recep Tayyip Erdogan. La rencontre intervient dans un
contexte hautement volatile de l’intervention militaire turque en Syrie
et les discussions s’annoncent « difficiles ».
Avec notre correspondant à Moscou, Daniel Vallot
L’équation que vont devoir résoudre les deux hommes est loin d’être évidente. Il y a d’un côté la Turquie qui veut faire cesser l’avancée syrienne dans la province d’Idleb, et qui s’estime humiliée par la mort de ses soldats fin février. D’autre part se trouve la Russie, qui n’a aucunement l’intention de lâcher son allié Bachar el-Assad.
Le premier objectif sera d’abord d’éviter une confrontation directe entre les forces turques et la Russie.
Car le risque existe, par exemple si un avion de chasse russe est
abattu au-dessus de la province d’Idleb. Il paraît toutefois évident que
tout sera mis en œuvre pour l’écarter.
L’autre
objectif, affiché celui-là par Recep Tayyip Erdogan, est de parvenir à
un cessez-le-feu. Le dirigeant turc veut que Vladimir Poutine demande et
obtienne de Bachar el-Assad l’arrêt de l’offensive menée à Idleb. Un
cessez-le-feu est évidemment envisageable, mais pour que la situation
s’apaise réellement, il faudrait réactiver les accords de Sotchi,
négociés à l’automne 2018, et cela s’annonce beaucoup plus difficile.
Il
en sera également question d’une proposition turque : l’établissement
d’une zone de sécurité au nord de la province, qui serait placée sous le
contrôle de l’armée turque avec éventuellement des patrouilles
conjointes. Celle-ci permettrait d’accueillir les déplacés. Un accord est-il possible sur ce point entre Moscou et Ankara ? On le saura peut-être dans le courant de la journée.
Par RFI