
Paris a
décidé de limiter à un seul vol hebdomadaire la desserte de son
territoire par des compagnies
aériennes chinoises au nom de la
« réciprocité » vis-à-vis d’Air France.
Dialogue de sourds entre Paris et Pékin. « Incompréhensible »,
a ainsi fustigé, mardi 14 juillet, Pékin en réponse à la décision
française de limiter à un seul par semaine les vols chinois à
destination de la France, au nom de la réciprocité vis-à-vis d’Air
France.
La Chine, premier
pays où le nouveau coronavirus a été repéré fin 2019, a drastiquement
réduit fin mars ses liaisons aériennes avec le reste du monde, par
crainte de l’arrivée de nouveaux malades du Covid-19. Le pays asiatique,
où l’épidémie est pratiquement éradiquée avec zéro mort depuis la
mi-mai, autorise toutefois depuis le 8 juin plusieurs compagnies
étrangères (dont Air France) à assurer une liaison hebdomadaire depuis
et vers son territoire.
La
Chine ayant trois grandes compagnies volant à l’international (Air
China, China Eastern, China Southern), ces dernières pouvaient jusqu’ici
effectuer chacune un vol Chine-France par semaine – soit trois au
total.
Paris milite pour
obtenir les mêmes droits pour Air France (la seule compagnie française
se rendant en Chine). C’est-à-dire trois liaisons hebdomadaires avec le
pays asiatique. Mais devant la lenteur supposée des démarches, la France
a décidé de prendre une mesure de rétorsion : limiter à une liaison
aérienne hebdomadaire la desserte du territoire français par des
compagnies chinoises, au nom de la « réciprocité ».
Procédures compliquées
« La
décision unilatérale de la partie française de réduire les vols est
dommageable pour les compagnies aériennes chinoises et les populations
des deux pays », a déploré mardi l’ambassade de Chine en France. « Nous regrettons profondément » cette initiative de Paris, a-t-elle souligné dans un communiqué publié sur son site internet.
Concrètement,
la décision française revient à supprimer deux liaisons par semaine
pour les compagnies chinoises. L’unique vol hebdomadaire chinois devrait
désormais se faire en alternance entre Air China, China Eastern et
China Southern.
La priorité
des autorités chinoises est de limiter l’arrivée de nouveaux malades de
Covid-19 sur leur territoire – notamment en provenance de pays où la
gestion de l’épidémie est plus laxiste. Début juin, la Chine avait
toutefois annoncé une reprise limitée des vols internationaux, après une
menace de Washington de suspendre des vols de compagnies chinoises aux
Etats-Unis.
Les
transporteurs aériens étrangers doivent cependant obtenir au préalable
le feu vert de la ville d’arrivée, ce qui complique les procédures. Air
France souhaite des liaisons supplémentaires vers Shanghai (Est).
Pékin
est de facto inaccessible, car la Chine impose une escale sanitaire en
province pour tout vol international à destination de sa capitale. Une
restriction qui impose des coûts élevés et des conditions
opérationnelles très difficiles à remplir pour les compagnies
étrangères.
Une décision « unilatérale » qui aurait tout fait capoter
Même Shanghai accueille déjà « un grand nombre de vols internationaux » et est « sous une énorme pression de gestion sanitaire », souligne l’ambassade de Chine. Selon elle, toutefois, la demande d’Air France était en passe d’être acceptée. Et la décision « unilatérale » de Paris aurait tout fait capoter.
« Eu
égard à l’amitié sino-française et au besoin de mobilité humaine
bilatérale, la partie chinoise (avait) donné exceptionnellement son
accord pour qu’Air France seule opère trois vols par semaine vers la
Chine, dont un à destination de Shanghai », affirme l’ambassade.
« Alors
que les autorités de Shanghai (avaient) déjà autorisé le deuxième vol
hebdomadaire d’Air France Paris-Shanghai et qu’il ne (restait) que les
formalités qui sont en cours de finalisation au niveau du gouvernement
central chinois, il est incompréhensible que la partie française décide
d’imposer la réduction des vols des compagnies aériennes chinoises ».
Ce dossier aura-t-il des répercussions sur les relations bilatérales ? L’ambassade de Chine souligne que « les peuples des deux pays sont liés par une amitié traditionnelle », héritée notamment du fait que la France a été le premier grand pays occidental à reconnaître la Chine populaire en 1964.
Mais la suite du communiqué est plus ambiguë :
« Bien
que la question des vols ne concerne qu’un secteur déterminé, elle
pourrait nuire à l’atmosphère amicale entre les deux pays si elle n’est
pas résolue adéquatement. »
L’ambassade espère que la France puisse « tenir compte de l’intérêt des relations bilatérales » et « revenir sur la voie du dialogue » pour « trouver une solution adéquate ».