Du tristement célèbre « Discours de Dakar » à ses
rencontres avec Abdelaziz Bouteflika, Mohammed
VI et Zine El Abidine Ben
Ali, en passant par la visite controversée de Mouammar Kadhafi à Paris,
l’ancien président français se met en scène dans ses tribulations
africaines.
Du tome 1 de ce Temps des tempêtes, Mémoires des
deux premières années du quinquennat de Nicolas Sarkozy, le lecteur
familier de la complexe relation entre l’Afrique et les présidents
français retiendra avant tout les dix pages relatives au désormais
fameux « Discours de Dakar », prononcé le 26 juillet 2007 à l’université Cheikh Anta Diop.
Un discours proprement sidérant, entre exaltation
culturaliste de l’Afrique ancestrale, obsession du refus de la
repentance pour la période coloniale, catalogue de clichés provocateurs
et jugements condescendants sur « l’homme africain ».
Même s’il affirme n’avoir, sur le fond, « rien à renier » de ce
texte, dont il omet de préciser qu’il a été écrit par son conseiller
Henri Guaino et à peine relu dans l’avion avant d’être prononcé, Nicolas
Sarkozy confesse aujourd’hui que cette adresse à la jeunesse africaine
fut « une erreur politique ».
Dakar : l’excuse pire que la faute
Treize années plus tard, l’ancien président aurait-il enfin admis que
son discours ne reposait sur rien d’autre que des stéréotypes erronés,
obsolètes et blessants ? Non, hélas. Car si « erreur » il y eût («
comment le contester ? » ajoute-t-il), elle ne serait pas due aux
passages totalement déconnectés de la réalité africaine dont ce texte
est truffé, mais bien au fait d’avoir voulu « dire la vérité » à un
public qui n’était pas encore prêt à l’entendre.
Avec une naïveté que l’on espère sincère et sans se rendre compte
qu’en l’espèce l’excuse est pire que la faute, Nicolas Sarkozy
s’interroge : « Ai-je voulu trop en dire ? L’ai-je dit trop franchement
ou trop brutalement ? […] Ai-je surestimé la maturité du débat politique
africain ? ». En somme et puisque « l’homme africain n’est pas assez
entré dans l’Histoire » (juillet 2007), attendre de lui qu’il soit en
mesure d’« entrer » dans le discours de Dakar aurait été vain.
L’autocritique, on le voit, n’est que de pure forme.
Par
François Soudan
Jeune Afrique