La République démocratique du Congo a signifié mercredi à la
Belgique sa volonté de fermer "dans
un bref délai" la "Maison Schengen"
de Kinshasa, sorte de consulat de l'Union européenne géré par Bruxelles
pour le compte de 17 pays membres plus la Norvège.
Dans une note à l’ambassade de Belgique en RDC, Kinshasa a
également fait savoir au gouvernement belge que sa « nouvelle agence de
développement (Enabel) n’a plus sa raison d’être en République
démocratique du Congo et, dès lors, lui demande de tirer les
conséquences qui s’imposent ».
Cette note « est arrivée à destination cet après-midi », a indiqué une source dans l’entourage du président Joseph Kabila.
En début de soirée pourtant, la Belgique indiquait ne rien savoir.
Cette note, « non datée et non signée », « n’a pas été authentifiée par
le ministère belge des Affaires étrangères qui a affirmé ne pas l’avoir
(encore) reçue », selon l’agence de presse Belga.
« Les ambassades devront reprendre leurs responsabilités »
Différente de l’ambassade de Belgique, « la Maison Schengen à
Kinshasa est un centre commun de réception des demandes de visas. Cette
coopération entre plusieurs États (de l’espace de libre-circulation)
Schengen a été créée comme initiative belgo-portugaise. Elle est dirigée
par la Belgique et opérationnelle depuis le 5 avril 2010 », lit-on sur
son site.
Située en centre-ville à Kinshasa, la « Maison Schengen » gère les
demandes de visas court-séjour pour entre autres l’Allemagne, la France,
l’Italie, la Suède, et bien sûr, la Belgique, d’après la liste sur le
site.
Après le « démantèlement » de ce dispositif consulaire, « les
ambassades concernées » devront « reprendre leurs responsabilités en la
matière dans un délai qui sera communiqué par voie diplomatique »,
indique un communiqué de presse du ministère congolais des Affaires
étrangères.
« Insurgé contre la représsion »
Cette énième crise diplomatique entre Kinshasa et son ex-puissance
coloniale, qui touche par ricochet d’autres pays européens, intervient
dans un contexte interne et diplomatique de plus en plus tendu.
La Belgique avait elle-même annoncé le 10 janvier « une révision fondamentale » de sa coopération avec les autorités congolaises jusqu’à « l’organisation d’élections crédibles ».
La Belgique avait elle-même annoncé le 10 janvier « une révision fondamentale » de sa coopération avec les autorités congolaises jusqu’à « l’organisation d’élections crédibles ».
« Je m’insurge contre la répression des rassemblements pacifiques en
RDC », a réagi mardi sur Twitter le ministre belge des Affaires
étrangères Didier Reynders, après la répression de nouvelles marches interdites dimanche dernier qui ont fait au moins six morts à Kinshasa,
d’après les Nations unies. Le collectif catholique qui organise ces
marches demande au président Joseph Kabila de déclarer publiquement
qu’il ne briguera pas un troisième mandat, son deuxième mandat ayant
pris fin le 20 décembre 2016.
Les réactions face à la dispersion violente des manifestations se
sont multipliées à l’international. L’Union européenne a pour sa part
fait savoir qu’elle souhaitait « des enquêtes judiciaires effectives
afin que les responsables puissent en répondre devant la justice » après
cette nouvelle répression.
Le secrétaire général des Nations unies,
la France, le Royaume-Uni et les États-Unis dans un communiqué
conjoint, l’ambassadeur du Canada, l’Organisation internationale de la
francophonie (OIF), ont également montré du doigt ou condamné le régime
du président Kabila en lui demandant le respect des libertés
fondamentales.
Par Jeune Afrique avec AFP