
Une cour de justice nigériane a jugé "illégale et
anti-constitutionnelle" l'arrestation puis l'expulsion de
séparatistes camerounais qui avait obtenu le droit d'asile au Nigeria, ont rapporté dimanche leurs avocats.
séparatistes camerounais qui avait obtenu le droit d'asile au Nigeria, ont rapporté dimanche leurs avocats.
"Le juge Chikere a déclaré que l'arrestation et la détention de douze
plaignants était illégale" dans un jugement rendu dans la semaine à
Abuja, peut-on lire dans un communiqué du cabinet Falana and Falana.
"Concernant l'expulsion de ces douze détenus ainsi que 35 autres du
Nigeria vers le Cameroun (...) le juge a déclaré qu'elle était illégale
et anti-constitutionnelle", note le communiqué, soulignant que l'Etat
nigérian devrait s'assurer qu'ils puissent être renvoyés au Nigeria.
Interpellés à Abuja début janvier 2018 par les services de
renseignement nigérians soucieux de soutenir leur voisin camerounais, 47
leaders du mouvement séparatiste anglophone camerounais, dont leur
président autoproclamé Julius Ayuk Tabe, ont été transférés à Yaoundé le
26 janvier.
Il "n'existe aucun accord d'extradition" entre les deux pays, ont plusieurs fois plaidé au Cameroun les avocats des prisonniers.
Sur les réseaux sociaux, des leaders d'opinion des sphères
séparatistes, en exil, se sont félicités de cette décision. "La victoire
est certaine", a déclaré Mark Bareta, un des principaux propagandistes
des séparatistes armés, suivi sur Facebook par plus de 100.000
personnes.
Les Camerounais anglophones "sont heureux qu'au moins il y ait une
indépendance judiciaire au Nigeria. Ils espèrent que le gouvernement
nigérian donnera suite à cette décision judiciaire", a-t-il publié sur
son site, à l'instar de plusieurs autres comptes de séparatistes sur les
réseaux sociaux se félicitant de cette décision de justice.
Pour dix des séparatistes transférés, dont Julius Ayuk Tabe,
président autoproclamé de l'Ambazonie - nom donné par les séparatistes à
un Cameroun anglophone indépendant dont ils souhaitent l'avènement -,
un procès pour "terrorisme" et "sécession" s'est ouvert début décembre
au Cameroun.
Depuis leur transfèrement depuis le Nigeria, les leaders ont
longtemps été gardés au secret au Secrétariat d'Etat à la défense (SED),
le siège de la gendarmerie à Yaoundé qui abrite une prison de haute
sécurité.
Début décembre, peu avant l'ouverture de leur procès, M. Ayuk Tabe et
neuf autres séparatistes ont été transférés à la prison centrale de
Yaoundé, où ils peuvent recevoir quelques visites.
Le procès n'a pas encore abordé le fond du dossier. Les avocats
d'Ayuk Tabe ont juste affirmé que leurs clients n'étaient pas
Camerounais et, qu'en en tant que "Ambazoniens", ils devaient retourner
au Nigeria pour y être jugés. Une nouvelle audience au tribunal
militaire est prévue le 7 mars.
Le président camerounais Paul Biya, 85 ans dont 36 au pouvoir, a
plusieurs fois appelé les séparatistes qui ont opté pour la lutte armée à
déposer les armes, et a prévenu que ceux qui ne le feraient pas
seraient "neutralisés".
Par VOA Afrique