Le texte a suscité la colère des défenseurs des droits de l’homme, des
géants des nouvelles
technologies et de la presse, qui dénoncent une
entrave à la liberté d’expression.
Le Parlement de Singapour a voté mercredi 8 mai une loi drastique pour lutter contre les infox,
qui permettra aux autorités d’ordonner le retrait de contenus, malgré
les protestations de géants des nouvelles technologies, de médias et de
défenseurs des droits de l’homme.
Cette loi donne au
gouvernement le pouvoir d’ordonner à des sites comme Facebook et Twitter
d’ajouter des messages de « correction » à côté des posts jugés faux
par les autorités singapouriennes, voire de les retirer. Les compagnies
risquent une amende pouvant aller jusqu’à un million de dollars de
Singapour (658 000 euros). Les personnes reconnues coupables encourent
des peines de prison pouvant aller jusqu’à dix ans.
« Des pouvoirs sans contrepoids »
Le gouvernement de la cité-Etat, critiquée de longue date pour les entraves
à la liberté d’expression, a expliqué que ces mesures étaient
nécessaires afin de lutter contre les fausses informations qui, selon
lui, menacent la sécurité nationale et peuvent semer la division au sein
de ce pays de 5,6 millions d’habitants.
Alors
qu’Internet a été jusque-là un espace d’expression relativement libre à
Singapour, le texte a suscité la colère des défenseurs des droits de
l’homme, des géants des nouvelles technologies et des représentants de
la presse. La nouvelle législation « donne aux autorités de
Singapour des pouvoirs sans contrepoids pour réprimer des opinions
exprimées en ligne qu’elles désapprouvent », a estimé Nicholas
Bequelin, le directeur régional d’Amnesty International pour l’Asie de
l’Est et du Sud-Est. Pour la Coalition Asie Internet, une association
regroupant notamment Facebook, Google et Twitter, la nouvelle
législation est la « plus radicale dans son genre à ce jour ».
S’exprimant
mardi devant le Parlement, le ministre de l’intérieur, Kasiviswanathan
Shanmugam, a cependant estimé qu’on ne pouvait pas compter sur les
grands groupes pour qu’ils se régulent eux-mêmes : « Nous devons leur montrer que nous sommes justes, mais également fermes. »
Le gouvernement assure que cette loi cible les fausses affirmations, et
non les opinions, et qu’ordonner d’adjoindre des « corrections » à côté
des messages jugés faux sera la première réponse, avant toute amende ou
peine de prison.