Le 14
février 2020, 23 civils, dont 15 enfants, ont été tués dans le nord-ouest du
Cameroun par l’armée Camerounaise selon une source locale. Nous interpellons
l’ONU à prendre les sanctions contre les forces gouvernementales pour les
crimes commis contre les populations civiles.
Les photos
désespèrent ceux qui les regardent. Elles tournent sur les réseaux sociaux
depuis le massacre de Ntumbo, le 14 février, où 23 civils ont été tués, dont 15
enfants. Elles montrent des femmes et des enfants gisants dans leurs vêtements
colorés, des petits bouts calcinés, des visages défigurés par l’horreur de la
mise à mort. On y voit aussi un prêtre accueilli par les sanglots déchirants
des familles en deuil.
Ces images
sont-elles authentiques ? Elles sont perçues comme telles par les Camerounais
qui les reçoivent, comme Paul à Douala ou Luc Sonke, le frère de l’opposant
Maurice Kamto. « Elles ont été tournées par nos familles, nos amis qui vivent
là », disent-ils. Certaines ont été prises par des soldats, révoltés par ces
massacres auxquels ils ne peuvent rien. Pour Paul, pour Luc, pour des
observateurs internationaux qui sont en relation discrète avec les journalistes
de la presse internationale, ces images sont authentiques et elles disent ce
que le gouvernement camerounais cache et nie face au monde : l’armée commet des
massacres sur les civils, comme ce 14 février.
« Entre 4 et
5 heures du matin, une quarantaine de soldats sont entrés à Ntumbo, ils
poursuivaient un groupe rebelle Mbororo. Ils s’en sont pris à la population du
quartier de Ngarbuh, brûlant des maisons, tuant sans distinction les civils :
au moins 23, dont 15 enfants et deux femmes enceintes. C’est sans compter ceux
morts en brousse des suites de leurs blessures », confie à La Croix un
enquêteur international. Paul, originaire de cette région anglophone, assure à
La Croix qu’ils ont recommencé dans son village de Weh, dans la périphérie de
Bamenda, lundi 17 février : « Ils ont pris mon frère, lui ont tiré une balle
dans la nuque, comme à 13 autres personnes du village. Puis, ils ont volé tous
les biens et mis le feu aux maisons. Ma belle-sœur et ses 11 enfants vivent
cachés dans la brousse, comme beaucoup d’autres. »
Un autre
explique que l’armée est responsable de 60 à 70 % des pertes civiles dans les
deux régions anglophones et qu’elle jouit d’une complète impunité. Sans compter
les mensonges outranciers de l’État camerounais. « En décembre 2019, le
ministre chargé du plan d’assistance humanitaire d’urgence affirmait qu’il n’y
avait que 152 000 déplacés internes dans les deux régions anglophones, or, ils
sont 679 000 », note un humanitaire. Selon Laurent Larcher du journal la Croix.
Fin 2016.
Début de la crise anglophone dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du
Cameroun. Initialement basée sur des revendications sociales, la contestation
tourne au conflit armé entre séparatistes et forces de sécurité. La crise a
fait plus de 3 000 morts et 700 000 déplacés selon la croix.