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Après avoir connu « l’état d’urgence » et
quelques brèves semaines de déconfinement, Melbourne, en Australie,
vient de déclarer « l’état de catastrophe ». Avec un confinement plus
strict et des pouvoirs spéciaux pour la police, qu’implique exactement
ce state of disaster ?
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Dimanche
2 août, 18 h à Melbourne : la nouvelle résonne sur toutes les chaînes
de télévision australiennes, le gouvernement déclare « l’état de
catastrophe » (state of disaster) dans l’État de Victoria pendant
six semaines au moins. Coup dur pour le second État du pays et ses
habitants qui font face à leur deuxième vague de Covid-19.
L’état de « catastrophe »
671 nouveaux cas déclarés dans l’État de Victoria en l’espace d’une journée : c’est un chiffre ahurissant pour l’Australie, qui faisait jusqu’alors figure de « bon élève » dans la lutte contre la pandémie avec « seulement » 18 729 cas confirmés.
Face à cette deuxième vague, dont Melbourne apparaît comme l’épicentre dans le pays, il n’y a d’abord d’autre choix que de confiner de nouveau.
Puis très rapidement, le 2 août, Daniel Andrews, Premier ministre du
deuxième État du pays-continent déclare l’état de « catastrophe »
pendant six semaines au moins, soit jusqu’au 13 septembre, sur les
conseils du ministre de la Police, des services d’urgence et du
commissaire à la gestion des urgences.
L’état
« d’urgence » sert à protéger la santé publique, alors que l’état de
« catastrophe » est décrété quand l’enjeu va au-delà des problématiques
de santé publique. « Il est destiné à faire face aux urgences telles
que les catastrophes naturelles, les explosions ou les attaques
terroristes, mais il peut également être utilisé pour faire face à une
épidémie », explique The Conversation, un média en ligne indépendant dont le siège est à Melbourne.
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L’état de « catastrophe » est donc déclaré lorsqu’il y a « une urgence qui constitue, ou est susceptible de constituer, un danger important et généralisé pour la vie ou la propriété ».
Un état qui avait également été décrété dans l’État de Victoria le 2
janvier 2020 en raison des feux de brousse qui ravageaient alors
l’Australie.
Confinement strict
La
métropole de Melbourne, en état d’urgence depuis le 16 mars, a été
reconfinée dès le 8 juillet, pour tenter de prévenir la deuxième vague,
qui s’est pourtant révélée être inévitable.
Le 22 juillet, le
port du masque dans les espaces publics – y compris la rue – est devenu
obligatoire et l’amende en cas de non-respect s’élève à 200 dollars
australiens (environ 120 €).
Le 2 août, le passage au « stade 4 »
a activé l’état de « catastrophe » pour six semaines au moins,
impliquant un couvre-feu entre 20 h et 5 h du matin. Parallèlement est
mise en place une restriction des déplacements qui ne sont plus
autorisés que dans un rayon de 5 km autour du domicile pour des achats
de première nécessité, des raisons médicales ou pour faire de
l’exercice.
Les commerces non-essentiels sont de nouveau
contraints de fermer leurs portes au public et les restaurateurs ne font
plus que de la vente à emporter. Les écoles n’accueillent plus les
élèves depuis le 5 août, sauf ceux dont les parents poursuivent leur
activité en présentiel.
Les salariés qui ne peuvent pas télétravailler doivent quant à eux se munir d’un permis de l’employeur.
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Maintien de l’ordre
La
police est omniprésente dans les rues de Melbourne pour veiller aux
respects des nouvelles règles, dont le port du masque obligatoire dans
les rues. L’état de « catastrophe » attribue également à la police « des pouvoirs spéciaux lui permettant de vérifier que la population se conforme aux directives », a précisé Daniel Andrews.
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L’armée
est déployée afin de contrôler que les cas de Covid-19 confirmés
restent bien à leur domicile. Les personnes contaminées qui ne
respectent pas ce confinement -- et continuent de propager le virus --
encourent une amende de 5 000 dollars australiens (environ 3 000 €). À
ce jour et malgré cette amende pour le moins salée, plus de 800
personnes infectées par le coronavirus ont été contrôlées en dehors de
leur domicile.
Par Joséphine MAUNIER