La pression internationale monte sur le président
vénézuélien Nicolas Maduro au lendemain de
l'échec de l'entrée de l'aide humanitaire au Venezuela via les frontières colombienne et brésilienne. Les jours de Maduro « sont comptés », selon Washington.
l'échec de l'entrée de l'aide humanitaire au Venezuela via les frontières colombienne et brésilienne. Les jours de Maduro « sont comptés », selon Washington.
Le bras de fer entre Juan Guaido
et Nicolas Maduro se poursuit. Au moins deux morts, plus de 300 blessés
après les troubles qui ont éclaté samedi 23 février aux frontières entre
le Venezuela, la Colombie et le Brésil.
Ce n’est pas vraiment un échec, mais ce n’est pas non plus une
victoire pour Juan Guaido : l’aide humanitaire n’est pas passée. Il
semblerait que le seul camion qui a traversé la frontière du Brésil ait
finalement dû rebrousser chemin. Pourtant l’opposition sort renforcée de
cette journée tendue, rapporte notre correspondant à Caracas, Benjamin Delille.
En réprimant fortement les volontaires à la frontière, les autorités
ont renvoyé une image très négative, en particulier à cause de
l’utilisation de « colectivos », ces bandes armées proche du pouvoir qui
agissent hors de tout cadre et n’hésitent pas à tirer sur la foule. Le
pire restera l’image de ce camion d’aide humanitaire, incendié par la
police nationale bolivarienne, avec tous les médicaments et la
nourriture tant attendue par les Vénézuéliens.
Si Nicolas Maduro revendique une victoire contre ce qu’il dit être
une tentative de coup d’Etat, les violences d’hier offrent à
l’opposition et les pays qui la soutiennent de nouveaux arguments pour
augmenter la pression. Juan Guaido affirme que toutes les options sont
sur la table, tandis que les Etats-Unis se disent prêts à agir. La
situation reste floue, mais l’hypothèse d’une intervention militaire
étrangère semble se préciser.
►La pression internationale monte sur Maduro
« Je suis certain que grâce aux Vénézuéliens les jours de Maduro sont comptés »,
a déclaré le secrétaire d'Etat Mike Pompeo dans une interview sur CNN,
des propos également répétés dans un entretien sur Fox.
C'est Mike Pompeo qui a été le premier à réagir. Le chef de la diplomatie américaine ne mâche pas ses mots. « Les
Etats-Unis vont passer aux actes contre ceux qui s'opposent à la
restauration pacifique de la démocratie au #Venezuela. Maintenant, le
temps est venu d'agir pour soutenir les besoins du peuple vénézuélien
désespéré », a-t-il écrit sur Twitter, qualifiant de « brutes » les forces de sécurité vénézuéliennes
The U.S. will take action against those who oppose the peaceful restoration of democracy in #Venezuela. Now is the time to act in support of the needs of the desperate Venezuelan people. We stand in solidarity with those continuing their struggle for freedom. #EstamosUnidosVE pic.twitter.com/XfLEsyT6RjSecretary Pompeo (@SecPompeo) 24 février 2019
Le chef de la diplomatie américaine a également salué sur son compte Twitter « le
président Ivan Duque et la Colombie pour leur leadership et le Brésil
pour son soutien indéfectible en organisant une aide vitale pour le
peuple vénézuélien ». Il a aussi lancé un appel à l'armée vénézuélienne : « des
agents cubains dirigent des attaques sur les habitants du Venezuela au
nom de Maduro. L’armée vénézuélienne devrait faire son devoir, protéger
les citoyens du pays et empêcher les marionnettistes de La Havane
d’affamer leurs enfants affamés », écrit-il sur son compte Twitter.
De son côté, le Canada membre du Groupe de Lima, reproche au
gouvernement vénézuélien d'entraver la distribution de biens de première
nécessité aux plus démunis. La ministre canadienne des Affaires
étrangères a dénoncé des actes « inadmissibles » et « demande que ces attaques inadmissibles fassent l'objet d'une enquête et que leurs auteurs soient traduits en justice ».
Côté colombien, le président Ivan Duque, ferme soutien de l'opposant
et autoproclamé président vénézuélien par intérim Juan Guaido, prend
l'opinion internationale à témoin : « Nous avons vu aujourd'hui
comment la répression a cherché à empêcher l'aide humanitaire
d'atteindre tous les mécanismes. Ce doit être l'occasion pour le monde
entier de s'unir et de dire à la dictature du Venezuela: trop c'est
trop! Et dites au dictateur que la fin de l'oppression est arrivée », a-t-il écrit sur son compte Twitter.
Samedi soir, le président vénézuélien Nicolas Maduro a rompu les relations avec la Colombie.
« Le refus du régime de reconnaître l'urgence humanitaire conduit à une escalade des tensions »,
a déploré la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini dans
une déclaration au nom des 28 Etats membres de l'UE. « Nous rejetons
l'utilisation de groupes armés irréguliers pour intimider les civils et
les législateurs qui se sont mobilisés pour distribuer de l'aide », a-t-elle insisté. L'UE est prête a augmenter son aide humanitaire.
►Le chef de l'ONU appelle « au calme »
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé dimanche « au calme » dans la crise vénézuélienne, demandant dans un communiqué « à tous les acteurs de réduire les tensions et de tout faire pour éviter l'aggravation »
de la situation. De plus en plus inquiet face à la tournure des
évènements, le secrétaire général se dit aussi dans le communiqué « choqué et attristé d'apprendre que plusieurs civils ont perdu la vie » samedi dans des heurts avec l'armée vénézuélienne.
►Mike Pence participe à la réunion à Bogota du Groupe de Lima lundi
Juan Guaido, qui se trouvait à Cucuta depuis vendredi en dépit d'une
interdiction judiciaire de sortie du Venezuela, est arrivé ce dimanche à
Bogota. Il a annoncé qu'il participerait lundi à Bogota à une réunion
du Groupe de Lima sur la crise au Venezuela, qui comprend quatorze pays
d'Amérique, majoritairement hostiles à Nicolas Maduro. Une réunion à
laquelle sera également présent le vice-président américain, Mike Pence.
Et si le groupe de Lima était un sous-marin des Etats-Unis ? C'est
une critique récurrente. Ce bébé diplomatique, né en août 2017 au Pérou
servirait de vitrine à Washington pour chasser Nicolas Maduro du
pouvoir.
Depuis sa création il y a un an et demi, le Groupe de Lima a pris des
positions très fermes envers le régime vénézuélien. Il parle d'un
président illégitime, d'une élection non conforme au droit
international, et dénonce les conséquences humanitaires de la crise qui
touche le pays.
Les membres du Groupe de Lima ont aussi été parmi les premiers à
reconnaître Juan Guaido comme chef d'Etat par intérim. C'est trop beau
pour être vrai, selon les détracteurs du groupe de Lima. Ils assurent
que cet organe est une invention de Donald Trump qui n'arrivait pas à
faire condamner Nicolas Maduro au sein de l'Organisation des Etats
américains et qu'il a provoqué une scission pour arriver à ses fins. La
présence de Mike Pence aujourd'hui, le vice-président américain, au côté
de Juan Guaido et du Groupe de Lima, ne va pas arranger sa réputation
dans les milieux proches du Venezuela.
►La tension a baissé aux frontières du Venezuela - reportage à San Antonio
L'aide humanitaire n'est donc pas arrivée au Venezuela samei. Lors
d'une journée marquée par des violences à la frontière avec la Colombie,
la Garde nationale et des groupes de civils armés par le gouvernement
sont parvenus à contenir la pression de ceux qui, côté colombien et
vénézuélien, voulaient parvenir à faire passer ces cargaisons d'aliments
et de médicaments. Plusieurs camions d'aides humanitaires ont été
brûlés. Devant le pont Simon Bolivar, l'un des principaux
postes-frontière à San Antonio, plusieurs dizaines de personnes ont été
blessées samedi. Ce dimanche, la vie reprend petit à petit.
Par
RFI