SÉOUL | Pour la seconde fois en moins d’une semaine,
Pyongyang a procédé jeudi à « un ou
plusieurs » tirs de projectiles
quelques heures après l’arrivée à Séoul de l’émissaire américain pour la
Corée du Nord.
Pyongyang « a tiré des projectiles non identifiés vers l’est » à
partir de Sino-ri, une base militaire en fonction depuis plusieurs
décennies et située à 77 kilomètres au nord-ouest de la capitale, a
annoncé l’armée sud-coréenne dans un communiqué.
« Des analyses sont en cours pour savoir s’il s’agit d’un ou de
plusieurs projectiles », a précisé à l’AFP Kim Joon-rak, porte-parole du
comité des chefs d’état-major interarmées.
Ces tirs interviennent quelques jours après un exercice militaire,
samedi en Corée du Nord, au cours duquel plusieurs projectiles, dont un
missile à courte portée d’après les experts, ont été tirés.
Ils ont aussi eu lieu quelques heures après l’arrivée à Séoul de
Stephen Biegun, représentant spécial américain pour la Corée du Nord.
L’émissaire
doit rencontrer plusieurs responsables sud-coréens pour discuter des
moyens de relancer les négociations de dénucléarisation entre Washington
et Pyongyang en suspens. Ils doivent aussi aborder la question de
l’aide alimentaire qui doit être envoyée par Séoul à son voisin du nord.
Avec ces nouveaux tirs, Pyongyang « envoie un message clair qu’elle
ne se contentera pas uniquement de l’aide humanitaire », relève Hong
Min, chercheur à l’Institut coréen pour l’unification nationale, basé à
Séoul.
Elle veut obtenir « des garanties de sécurité en échange du processus de dénucléarisation », a-t-il ajouté.
Missile
Concernant les tirs qui ont eu lieu samedi dernier, les images
publiées par les médias nord-coréens montrent un engin similaire au
missile russe Iskander à un étage, d’après les experts.
Il ressemble à une arme présentée par la Corée du Nord lors d’un
défilé militaire l’année dernière, au moment où s’amorçait la détente
sur la péninsule.
Pyongyang s’est toutefois refusé à employer le terme de
« missile », indiquant que l’exercice avait impliqué « plusieurs
lance-roquettes à longue portée et armes tactiques guidées ».
Il s’agissait d’un « exercice de routine » qui s’est déroulé dans
nos eaux territoriales et les projectiles ne constituaient aucune menace
pour les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon, a affirmé un
responsable nord-coréen.
Washington et Séoul n’ont pas davantage utilisé le terme de missiles.
Le président américain Donald Trump présente en effet l’absence
depuis plus d’un an d’essai nucléaire ou de tir de missile balistique
intercontinental (ICBM) comme un succès de politique étrangère majeure.
Avec les tirs de samedi, le Nord a voulu en tous cas signifier aux
États-Unis son sentiment de frustration après l’échec du sommet de Hanoï
fin février, d’après les analystes.
Lors de la rencontre historique avec le président américain Donald
Trump en juin 2018 à Singapour, le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un
s’était engagé à « travailler vers la dénucléarisation complète de la
péninsule coréenne ».
Mais le scepticisme a grandi avec l’absence d’avancées concrètes et
les deux dirigeants se sont quittés en février au Vietnam sur un
désaccord. M. Kim réclamait une levée des sanctions trop importante aux
yeux de M. Trump, en échange d’un début de dénucléarisation jugé trop
timide.
Parallèlement, M. Kim a rencontré fin avril le président russe
Vladimir Poutine à Vladivostok pour leur premier sommet, durant lequel
il s’est plaint de la « mauvaise foi » des Américains dans la crise
nucléaire.
Par Le Journal de Montréal