A la suite d'une pétition lancée il y a un an, l'ordre des médecins a amendé le code de déontologie pour que soit proscrit tout «comportement ambigu, notamment à caractère sexuel».
C’est une «avancée
pour les victimes qui pourront enfin faire valoir auprès des chambres
disciplinaires ordinales la souffrance et l’emprise qu’elles ont
subies», selon le docteur Dominique Dupagne, généraliste et
blogueur sur le site Atoute.org. Il y a un an, il lançait, aux côtés de
patientes abusées, une pétition pour réclamer que le code de déontologie médicale soit modifié.
Son but : faire figurer noir sur blanc l’interdit des relations
sexuelles entre médecins et patients. C’est désormais chose faite, en
ces termes : «Le médecin ne doit pas abuser de sa position notamment
du fait du caractère asymétrique de la relation médicale, de la
vulnérabilité potentielle du patient, et doit s’abstenir de tout
comportement ambigu en particulier à connotation sexuelle (relation
intime, parole, geste, attitude, familiarité inadaptée…).» Constatant également que «le médecin dispose nécessairement d’un ascendant sur ses patients», et plus particulièrement s’agissant de «patients en état de fragilité psychologique», le texte stipule aussi que «les relations intimes s’apparentent alors à un abus de faiblesse».
Toutefois,
alors que la pétition initiale (soutenue notamment par le psychiatre
Christophe André, la présidente du collectif féministe contre le viol
Emmanuelle Piet ou l’autrice de bandes dessinées Pénélope Bagieu)
demandait l’ajout d’un nouvel article au code de déontologie, c’est
finalement en commentaire d’un article existant, relatif au «respect de la vie et de la dignité de la personne»,
qu’ont été ajoutées ces nouvelles dispositions, afin d’éviter un
processus long et incertain ; l’ajout d’un nouvel article au code de
déontologie nécessitant l’intervention du Conseil d’Etat. Le compromis
trouvé, jugé «satisfaisant» par les initiateurs de la pétition,
devrait donc permettre au Conseil de l’ordre des médecins d’harmoniser
ses décisions en matière de sanctions éventuelles. «Quand une femme
arrive à trouver le courage d’aller devant le Conseil de l’ordre des
médecins pour dénoncer des agissements répréhensibles, elle s’entend
trop souvent dire : "vous avez dit non ?" ou encore "vous vous rendez
compte de l’effet de pareilles accusations sur la vie conjugale du
docteur untel"?» expliquait le docteur Dominique Dupagne à Libération
l’année dernière. Sur son blog, il annonce désormais être en discussion
avec le Conseil national de l’ordre des médecins pour que ce dernier
ajoute à son site internet un module d’aide aux victimes.
Par Virginie Ballet
Liberation