"Personne ne m'aime, cela doit être ma personnalité”, a clamé le président américain lors de son point presse hebdomadaire.
ÉTATS-UNIS - Le ton présidentiel n’aura duré que quelques jours:
Donald Trump a une nouvelle fois envoyé des signaux contradictoires et
confus mardi 28 juillet sur le Covid-19, vantant l’hydroxychloroquine et se posant en victime de critiques injustes sur sa gestion de la pandémie.
Visiblement
fatigué, le locataire de la Maison Blanche a laissé pointer de
l’amertume face à la popularité de l’immunologue Anthony Fauci et des
autres scientifiques membres de la cellule de crise de la Maison
Blanche, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article.
“Ils sont très respectés, mais personne ne m’aime, cela doit être ma personnalité”, a-t-il lancé, à moins de 100 jours de l’élection présidentielle et au moment où il accuse un retard marqué sur le démocrate Joe Biden dans les sondages.
Dans
la nuit de lundi à mardi, Twitter a supprimé une vidéo sur la pandémie
partagée par le président de la première puissance mondiale. “Les tweets
comportant la vidéo violent notre politique concernant la
désinformation sur le Covid-19”, a indiqué à l’AFP un porte-parole du
réseau social à l’oiseau bleu.
La vidéo, qui avait déjà été supprimée par Facebook et YouTube,
montre un groupe de médecins expliquer, entre autres, que les masques ne
sont pas nécessaires et qu’il “existe un médicament” pour traiter le
coronavirus, l’hydroxychloroquine.
Cet antipaludique a été promu
avec force par Donald Trump au début de la pandémie, mais plusieurs
études scientifiques ont conclu à son absence d’efficacité. L’Agence
américaine du médicament (FDA) a recommandé mi-juin de ne pas prescrire
le médicament aux malades du Covid-19.
“J’ai beaucoup lu sur l’hydroxy”
Appelé
à expliquer ce soutien renouvelé à un traitement pour lequel plusieurs
essais cliniques rigoureux n’ont observé aucun effet positif sur les
patients, le président américain a mis en avant son instinct et ses
lectures.
“J’ai beaucoup lu sur l’hydroxy”, a-t-il lancé, avant
d’assurer que le dossier était devenu “politique”. “Lorsque je
recommande quelque chose, ils aiment dire ‘ne l’utilisez pas’”, a-t-il
ajouté.
Interrogé spécifiquement sur une médecin
pro-hydroxychloroquine, Stella Immanuel, très présente dans la vidéo
qu’il a retweetée, il a jugé qu’elle était “très impressionnante”.
Les
prises de position pseudo-scientifiques de cette dernière, qui a
notamment estimé que les dirigeants des États-Unis étaient des “esprits
reptiliens”, “mi-humains, mi-extraterrestres”, ont suscité de vives
interrogations sur sa crédibilité.
Le président républicain avait
pourtant opéré il y a une semaine un virage spectaculaire. Reconnaissant
la gravité de la crise sanitaire -“cela va sûrement, malheureusement,
empirer avant de s’améliorer”- il avait appelé clairement à porter le
masque, et loué ses excellentes relations avec les experts de la “task
force” sur le virus.
Après une amélioration vers la fin du
printemps, l’épidémie a repris de plus belle aux États-Unis, pays le
plus endeuillé au monde avec plus de 149.000 morts.
La situation
est particulièrement inquiétante en Californie, en Floride et au Texas,
où les autorités ont été contraintes d’imposer des restrictions à
rebours du déconfinement.
Fauci ne lit pas les tweets
Cible,
une nouvelle fois, des attaques de la Maison Blanche, le Dr Fauci,
directeur de l’Institut national des maladies infectieuses, a gardé son
calme habituel.
“Pouvez-vous continuer à faire votre travail quand
le président des États-Unis met publiquement en doute votre
crédibilité?”, lui a demandé sur ABC le journaliste George
Stephanopoulos.
“Je ne tweete pas. Je ne lis même pas les tweets”,
a répondu le célèbre chercheur à l’accent new-yorkais prononcé, qui
jouit d’une grande popularité aux États-Unis.
“Je vais juste
continuer à faire mon travail quoi qu’il arrive parce que je pense que
c’est très important. Nous sommes au milieu d’une crise, d’une
pandémie”.
Depuis plusieurs jours, Donald Trump assure que la
sortie de la crise sanitaire est en vue grâce au “génie” pharmaceutique
américain.
Au total, Washington a dépensé 6,3 milliards de dollars
depuis mars pour financer des projets concurrents, chez des
laboratoires établis comme Johnson & Johnson, Pfizer et AstraZeneca,
et chez deux petites sociétés de biotechnologie, Novavax et Moderna.
Le
dirigeant a baptisé l’opération “Warp Speed” (un terme de
science-fiction signifiant “plus rapide que la vitesse de la lumière”)
et ne cache pas que son objectif est de vacciner l’Amérique d’abord,
loin des discours européens sur le vaccin comme “bien public mondial”.